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Êtes-vous sûr d’avoir le bon espace de travail ?

Un article

Freelance : le monde du travail n’a plus que ce mot-là à la bouche. Et pour cause, le nombre de freelances dans le monde connaît une croissance vertigineuse : dans l’Hexagone, en 2017, plus d’ 1 actif sur 10 était enregistré sous ce statut. Et d’après les prévisions, la lame de fond n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin. Si près de 2 millions de français tournent désormais le dos au salariat pour accueillir à bras ouverts tous les commodités de l’indépendance, mieux vaut fourbir consciencieusement ses armes pour se préparer à affronter la part d’ombre au tableau. En l’occurrence, la question de l’espace de travail approprié à l’exercice de son activité, plus délicate qu’il n’y paraît, revient régulièrement sur le tapis. Petit tour d’horizon objectif des différents endroits colonisables (ou non) par les freelances.


À domicile


Ou pour les anglophones contrariés, le home office. À ne pas confondre avec le télétravail, qui concerne uniquement les salariés, ainsi que certains fonctionnaires et magistrats.


Travailler à domicile demeure aujourd’hui encore la solution plébiscitée par le plus grand nombre de freelances. On peut comprendre l’engouement pour la chose : la liberté et la non-subordination ont quelque chose de grisant. Qui n’a pas rêvé de passer la journée à pianoter sur son clavier et échanger avec ses clients tout en restant impunément blotti sous la couette ? Exercer son travail depuis chez soi nous permet sans conteste d’éliminer une bonne dose de stress en restant dans un environnement rassurant et, par conséquent, de booster sa productivité tout en jouissant d’une certaine flexibilité dans l’organisation de ses plages horaires. Le graal d’une conjugaison harmonieuse de vie privée et vie professionnelle apparaît, dès lors, bien plus aisé à atteindre.


Qui plus est, l’aspect économique du home office vaut son pesant d’or. Revers de la médaille, à moins d’avoir le soutien financier d’un proche, le freelance connaît malheureusement plusieurs périodes de galère financière avant de réussir à pérenniser son activité. Rester chez lui, lui permet d’éviter les trajets, et donc de suspendre les dépenses en matière d’essence ou de transports en commun, et d’éviter de dilapider ses revenus dans la location ou l’achat d’un local dédié. Ce qui ne dispense pas de s’acquitter de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), calculée sur la surface de travail utilisée et le chiffre d’affaires en fonction des taux votés par la municipalité…


Toutefois, travailler en freelance à domicile n’est raisonnablement pas envisageable sur le long terme. Pourquoi ? En premier lieu, avouer travailler à domicile ne renvoie pas spécialement une image de sérieux à vos clients (qui ne sont pas dupes et vous imaginent parfaitement en pantoufles devant votre écran). Point matériel : vous puisez dans le réseau wifi et les ressources électriques de votre logement pour votre travail. Certes, la chose est avantageuse pour le porte-monnaie… Mais comment comptez-vous affronter une panne d’électricité ou un bug informatique pour rendre un travail dans les temps ? Qui plus est, des problèmes de logistique risquent de se faire sentir au fur et à mesure du développement de votre activité : dès lors, où ranger votre stock, votre paperasse, votre nouveau matériel tout en respectant le cloisonnement avec vos affaires privées ? Selon la nature de votre activité, il est fort probable que le besoin d’espace se fasse pressant… Ajoutons qu’il est à espérer que vous disposiez d’une pièce « neutre » pour recevoir vos clients et prospects dans des conditions décentes sans les gratifier au passage de la vision de votre pile de linge sale, du bac à litière de Minou ou des jouets des enfants…


Mais l’aspect le plus dommageable pour votre activité dans le home office, c’est que vous vous privez d’un réseau digne de ce nom : lové dans votre petite bulle, vous vous coupez du reste du monde et de toutes les opportunités professionnelles qui permettraient à votre carrière de prendre un tournant décisif. Être le meilleur dans votre activité ne vous mènera à rien si vous vous privez de relations de confiance avec des professionnels et de contacts avec des prospects. Dans la pratique du networking, il ne s’agit pas seulement de réciprocité (donnant-donnant, je recommande Z et Z me recommande), mais de se trouver au centre d’un véritable processus permettant au freelance d’acquérir de la reconnaissance et de la légitimité. Pour rencontrer la bonne personne au bon moment et faire prospérer son activité, il faut parfois savoir sortir de sa zone de confort. Quant au réseautage virtuel, il a ses limites : rien ne vaut une bonne poignée de main entre deux paires d’yeux pour nouer des liens avec quelqu’un.


Les plus : confort – liberté – conciliation vie pro/vie privée – wifi/électricité à disposition
Les moins : image pro impactée – logistique limitée – réseau minime – wifi/électricité vulnérables
Budget : économies +++
Perspectives : court terme – moyen terme – long terme


Chez le client


Oui, certains freelances travaillent directement dans les locaux de leurs clients. Bien entendu, il est nécessaire que ledit client dispose d’une structure suffisamment importante pour proposer d’accueillir l’indépendant, ce qui est loin d’être le cas de tous. Et de préférence, pas de l’autre côté du pays (sauf si vous avez l’âme d’un globe-trotteur).


La solution a ses avantages : vous n’êtes pas nourri, logé, blanchi, mais presque. Vous disposez d’un bureau à vous tout seul entièrement dédié à l’exercice de votre activité, avec un réseau wifi sécurisé à disposition et tout le matériel de base. Avec un peu de chance, vos frais de restauration et de déplacement seront partiellement aux frais de la princesse. Vous faites donc un certain nombre d’économies en optant pour ce mode de travail. Et enfin, luxe ultime pour le freelance : vous sortez (un peu) de votre isolement ! Intégrer la structure de votre client vous permet de croiser du monde, voire d’échanger et d’apprendre à mieux connaître l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Néanmoins, il est relativement peu probable que ces rencontres débouchent sur de nouvelles opportunités professionnelles dans la mesure où vous évoluez déjà en terrain conquis… Il ne s’agit donc pas de la meilleure solution pour aller à la pêche aux bons contacts et aux contrats lucratifs.


En outre, nous vous invitons à considérer cet espace de travail avec des pincettes. En effet, le propre d’un freelance, rappelons-le, est d’être indépendant : il n’est soumis à aucune hiérarchie et est son propre patron. Or, travailler directement chez le client l’expose dangereusement à la mise en place d’un lien de subordination nuisible à sa relation professionnelle avec l’intéressé. Lorsqu’on investit des locaux, on se plie implicitement aux règles et conditions de travail établies… et il peut s’avérer délicat de suivre son organisation en avançant sur les dossiers d’autres clients à la vue et au su de tous : travailler chez le client implique par conséquent une perte d’autonomie considérable et flirte avec le salariat déguisé… À quoi bon se résigner à retrouver un mode de travail salarié pour en perdre la majeure partie des avantages ?


Enfin, d’un point de vue purement logistique, comment comptez-vous stocker votre matériel, vos casiers d’archive et votre paperasse ? À moins que toute votre activité ne soit dématérialisée, il sera à la fois délicat de s’imposer de la sorte au client et difficile de tout avoir à portée de main au moment voulu et de tout transporter d’un client à un autre…


Les plus : isolement moindre – matériel et internet fournis
Les moins : perte autonomie – risque de salariat déguisé – logistique restreinte – réseautage impacté
Budget : économies +
Perspectives : court terme – moyen termelong terme


Dans un local professionnel


Pour pallier la problématique du cloisonnement entre vie privée et vie professionnelle et limiter les tendances à la procrastination, quelques freelances choisissent de casser leur tirelire pour acheter ou louer un local entièrement réservé à l’exercice de leur activité. L’avantage, c’est que l’on se rapproche des conditions de travail traditionnelles (comprendre : au bureau) et que, de fait, il est plus facile de s’astreindre à un train de vie sain. De même, recevoir des clients n’est plus un problème, et votre image professionnelle bénéficie d’une certaine valeur ajoutée particulièrement engageante pour les prospects.


Cette décision est loin de faire l’unanimité auprès de la population des indépendants. La raison principale semble évidente : un local, qu’il soit loué ou acheté, implique de lourds investissements financiers, que tous n’ont pas à disposition au début de leur activité, en particulier s’ils se sont implantés dans une grande ville où le prix au m2 atteint des sommets indécents. Éventuellement, la solution pourra être envisagée une fois que l’activité sera bien lancée. Et encore : il faudra toujours songer à l’espace requis. Car il ne s’agit pas seulement de caser un bureau, une imprimante et quelques étagères : la gestion du stock se posera pour certaines activités (les artistes, par exemple, ont des besoins constants en outils et matières premières pour réaliser leurs œuvres). Vos quelques m2 seront-ils suffisants si la demande venait à s’emballer ?


Au-delà de l’aspect pécuniaire, travailler en local revient globalement à travailler chez soi… sans les avantages. L’isolement est le même. Pour éviter de sacrifier toutes ses années d’épargne et de sombrer dans la solitude, il peut être judicieux de louer un local en association avec un autre freelance dans lequel vous placez idéalement une confiance aveugle (des documents sensibles seront facilement accessibles et vulnérables sur votre plan de travail et votre ordinateur) pour diviser le loyer par deux. Mais il faudra voir un peu plus loin pour que votre réseau (et par extension, votre activité), une fois encore, ne soit pas le premier à pâtir de votre isolement…


Les plus : image sérieuse – espace réservé au travail
Les moins : isolement – réseautage nul – gestion de l’espace limitée
Budget : économies —
Perspectives : court terme – moyen terme – long terme


En couveuse


Vous avez probablement en tête les couveuses où l’en entasse des œufs en quantité industrielle pour remplacer le processus de couvaison ? Les couveuses dont il est question ici suivent exactement le même principe : il s’agit d’une structure qui accompagne les freelances pendant leur démarrage d’activité pour les aider à tester et améliorer leur concept. En somme, la couveuse vous permet de faire « éclore » votre projet dans des conditions optimales. Ne la confondez pas avec l’incubateur de start-up : la couveuse ne finance pas les entreprises.


La perspective d’intégrer une couveuse a de quoi faire saliver. Pourtant, elle ne sera réservée qu’à d’heureux élus triés sur le volet. La sélection est élitiste : le freelance doit parvenir à convaincre la structure de la force et de la viabilité de son entreprise, avec bilan prévisionnel à l’appui. La signature d’un Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise (CAPE) valide la sélection. Il est prévu pour une durée maximale de 12 mois, renouvelable deux fois. L’accompagnement n’est pas gratuit, même s’il reste moins onéreux qu’un local indépendant professionnel, par exemple : généralement, les couveuses demandent aux freelances une participation mensuelle (environ 60€) pour soutenir leur fonctionnement et prélèvent jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires.


Les couveuses offrent aux freelances la possibilité de se former auprès de professionnels (marketing, juridique, par exemple) pour affronter sereinement leur futur quotidien d’indépendant. Toutes les ressources matérielles vous sont fournies. Elles représentent par conséquent une excellente opportunité pour démarrer son activité… mais c’est tout. Comme précisé précédemment, le temps passé dans une couveuse est limité : une fois « couvé » et « éclos », on vous lâche dans la nature, et se pose à nouveau la question de savoir où installer son lieu de travail. Il s’agit donc davantage d’un tremplin que d’une solution envisageable sur le moyen-long terme.


Néanmoins, elle recèle un avantage certain, qui faisait défaut à toutes les solutions précédemment évoquées : le réseautage. En effet, une couveuse regroupe plusieurs freelances au même endroit : dès le lancement de votre activité, vous pourrez donc créer des liens avec d’autres indépendants, tisser peu à peu votre réseau et rencontrer vos premiers clients. Au sortir de la couveuse, il vous sera malgré tout indispensable de l’entretenir et, surtout, de l’étendre.


Les plus : soutien concret – prémices d’un réseau – matériel fourni
Les moins : démarches administratives – places « chères » et limitées – temporaire
Budget : économies +
Perspectives : court terme – moyen termelong terme

Dans un café (workshop coffee)


Travailler nonchalamment attablé devant son PC, avec une grande tasse de café à la main… L’idée séduit quelques aventuriers amateurs de caféine. Pour sûr, fréquenter un café est un excellent moyen de remédier à l’isolement typique du freelance : travailler dans une ambiance conviviale est bien plus agréable, et les workshop coffee fournissent généralement un réseau wifi efficace.


Mais à vrai dire, la liste des avantages est courte : en premier lieu, il est évident qu’elle s’adresse à des individus dont l’activité est entièrement dématérialisée. D’un point de vue économies, certes, vous ne payez pas un local ni une connexion internet (êtes-vous sûr qu’elle soit sécurisée?), mais vous allez dépenser de l’argent en cafés et douceurs. Dans un tel lieu de passage, vous vous exposez aux vols de données et de PC. Quant à la liste de matériel fourni, elle est bien trop restreinte pour couvrir toutes les facettes du métier.


Bien que l’atmosphère qui règne dans les cafés soit éminemment sympathique, est-elle bien adéquate pour travailler ? Est-ce bien un lieu adapté pour recevoir ses clients et dégager une image sérieuse ? Pensons, notamment, au volume sonore, aux éclats de voix et de rire, aux bruits des machines, aux télévisions ou radios allumées, etc. Une étude de 2012 a démontré que le bruit n’était pas nécessairement une entrave à la productivité : jusqu’à un certain niveau (70 décibels), il booste même la créativité. En-dessous (50 décibels) et au-delà (85 décibels), la qualité de travail s’en trouve impactée. Le tout est de trouver le juste milieu et l’atmosphère qui sied le mieux aux particularités de chacun…


Dans ce cas de figure, on se rapproche nettement du profil du digital nomade : le workshop coffee, c’est bien pour y travailler le temps d’une après-midi, en coup de vent, voire en solution de secours. Mais si on désire s’engager sérieusement vers une activité pérenne, mieux vaut se tourner vers des structures plus adaptées.


Les plus : atmosphère conviviale – wifi (si sécurisé)
Les moins : bruyant – non sécurisé – dématérialisation de l’activité obligatoire – manque de matériel
Budget : économies +
Perspectives : court terme – moyen termelong terme


En espace de coworking


Les espaces de coworking ont le vent en poupe et séduisent de plus en plus de freelances en quête d’un endroit où poser leur bureau. Et pour cause, ils répondent à bon nombre de leurs problématiques quotidiennes.


Son principal atout en comparaison avec les autres espaces de travail cités, c’est qu’il s’impose comme vecteur d’une véritable économie collaborative. Tout coworking est fondé sur la philosophie de l’échange, du partage et de l’enrichissement mutuel entre entrepreneurs. Divers événements et ateliers sont régulièrement organisés pour que la diversité profite à tous. Il se profile donc comme le lieu idéal pour vous forger un réseau, mettre la main sur de nouvelles opportunités professionnelles, doper votre productivité et faire grandir votre activité.


Un espace de coworking est modulable selon les contraintes. Ainsi, il propose des salles de réunion insonorisée, des espaces de rencontre pour accueillir les clients en bonne et due forme, des coins détente, une zone de restauration, etc. Il s’agit donc d’une solution particulièrement viable, tant sur du court terme que du long terme, pour une grande majorité de domaines d’activité. Précisons d’ailleurs que désormais, des espaces de coworking « de niche » fleurissent un peu partout, même si on les trouve principalement en région parisienne. Ils s’adressent aux professions ayant des besoins spécifiques (matériel pour les créatifs, zones de stockage, etc.).


Toutefois, la qualité de la prestation a un coût certain. En contre-partie, les tarifs s’adaptent à vos besoins : vous pouvez opter pour un abonnement mensuel (résident), ou bien un abonnement à la demi-journée ou à la journée (de passage), le premier étant bien évidemment le plus avantageux. Généralement, il faut compter aux alentours de 300€ par mois pour les résidents et 30€ par journée pour les travailleurs occasionnels. Du reste, le tarif reste plus raisonnable que la location d’un local, sans compter que tout le matériel nécessaire à votre activité est fourni sur place et inclus dans les forfaits.


Partage et échange ne riment toutefois pas avec naïveté. De fait, dans un espace très fréquenté, parfois par des individus sans scrupules, il vous faudra veiller à ce que la confidentialité de vos données soit préservée. Évitez, par exemple, de laisser votre ordinateur personnel sans surveillance ou de mener des conversations téléphoniques délicates sous le nez des autres coworkers.


De nos jours, les espaces de coworking rencontrent un franc succès auprès des indépendants et poussent comme des champignons. Vous n’aurez donc aucun mal à trouver un espace de coworking à Lyon, Paris, Lille ou autre ville dynamique. Dans les plus grandes villes, vous aurez l’embarras du choix ! À vous de choisir votre espace de coworking selon vos propres paramètres : proximité, population, esprit, tarifs, etc.


Les plus : espace sécurisé – matériel – communauté – adaptabilité
Les moins : non adapté aux solitaires – confidentialité
Budget : économies –
Perspectives : court terme – moyen terme – long terme

On tend à voir pulluler des solutions de plus en plus extravagantes pour les espaces de travail des freelances. La société hollandaise KantoorKaravaan, par exemple, propose la location de roulottes-bureaux pour œuvrer en pleine nature… L’occasion de rappeler que le meilleur espace de travail, c’est d’abord celui qui vous permet de vous épanouir, tant personnellement que professionnellement.



Article écrit par Hélène Betoux du site Atome Green © (espace de coworking à Lyon)

Source: Captainfreelance


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